Après des siècles de cruauté maquillée en tradition, la justice espagnole vient de trancher : le tristement célèbre Tournoi du Toro de la Vega, organisé à Tordesillas, est désormais illégal, même sous sa version « modifiée ». Une belle victoire pour la cause animale, obtenue grâce à la persévérance du parti animaliste espagnol PACMA, qui a mené trois ans de bataille juridique.


Jusqu'en 2016, ce tournoi consistait à pourchasser un taureau à pied ou à cheval dans les rues, jusqu'à ce qu'il soit tué à coups de lance sous les cris du public. Mais en 2016, la région de Castille-et-León a adopté un décret interdisant explicitement la mise à mort publique des taureaux lors de fêtes traditionnelles, dans le but de mettre fin aux violences infligées aux animaux au nom du folklore. Cependant la ville de Tordesillas n'a pas renoncé pour autant : en 2022, elle a relancé le tournoi en remplaçant les lances par des « emblèmes » terminés par des poinçons, censés être « symboliquement » plantés dans le taureau “sans le tuer”.


Cette version déguisée du supplice a été maintenue plusieurs années, sous couvert de respecter la loi. Pourtant, rien n'avait changé dans le fond : le taureau continuait à être poursuivi, blessé, et exhibé comme un objet de divertissement. 


Le tribunal espagnol a finalement statué le 14 mai dernier : non seulement cette version reste violente et contraire à la réglementation, mais elle constitue un nouveau spectacle, illégal au regard du décret de 2016. 


Ce jugement courageux est le fruit d'un long combat mené par le parti animaliste espagnol PACMA, appuyé par de nombreuses associations de protection animale. Pendant trois ans, ils ont mobilisé les tribunaux pour faire valoir une évidence : même sans mise à mort visible, un acte cruel reste un acte cruel. 


La brutalité envers les animaux ne doit pas être tolérée, même lorsqu'elle est inscrite dans l'histoire ou la culture locale. C'est une avancée symbolique, la loi avance, la société évolue, et la compassion finit par l'emporter.


Bien-sûr, ce succès n'effacera pas les souffrances endurées pendant des années, mais il donne de l'espoir. Il rappelle que la mobilisation citoyenne, la ténacité juridique et le refus du fatalisme peuvent faire tomber les pires traditions.


À Tordesillas, un taureau ne mourra plus sous les applaudissements. Et c'est une victoire que nous devons célébrer comme telle ! Alors bravo !