Soutenons le maintien d'un service approprié en travail de rue dans le Suroit

Un avenir incertain pour Pacte de rue, une réponse absente à des besoins criants.

Contexte : « Une crise à l’intérieur d’une crise » :

Dans une ère de compression, nous devons regarder ce que l’avenir nous réserve ! Poursuivre la mission de notre organisme, qui est fort en demande, sans avoir le fonds de roulement nécessaire à l’opération du service, relève de plus en plus du miracle.

Dans une obligation de diversifier ses sources de financement pour consolider ses services, faute de fonds disponibles au ministère, l’organisme arrive avec difficulté à boucler son budget annuel. Les bailleurs de fonds se faisant plus rares, se désistent pour financer d’autres ou se désinvestissent du communautaire car trop souvent sollicités. Après maintes recherches et demandes, le déficit vient à bout de l’organisme, dans une période où l'on parle de coupures partout.

Pacte de rue, un service en travail de rue, œuvrant sur le territoire, se voit dans l’obligation de fermer ses portes par manque de financement récurrent et d’abandonner les gens qu’il accompagne, faute d’un financement manquant.

Après 22 ans d’existence, ce service essentiel à une communauté hautement défavorisée ne sera plus disponible. Des milliers de citoyens, démunis et vulnérables, se retrouveront seuls pour accéder à des services sociaux, médicaux, économiques, d’éducation, d’entraide et d’aide. Des gens fragiles, à bout de souffle, désespérés, étant en mode de survie depuis un certain temps, se retrouveront isolés avec leurs fardeaux. Découragés, ils devront manifester leurs désirs haut et fort, afin que quelqu'un quelque part se préoccupe de leur situation.

Selon leurs capacités, souvent limitées, et selon les moyens disponibles qu’ils ont, ils devront démontrer leur détresse pour être entendus et accueillis. Leurs besoins souvent primaires ne seront malheureusement pas toujours entendus et demeureront en attente d’un appel pour une réponse à un rendez-vous demandé. Pour les plus chanceux, qui obtiendront un rendez-vous, ils devront ne pas avoir trop mal, car l’attente sera longue de part une surcharge de demandes dans le réseau de services sociaux et de santé.

Mais comment se battre seul quand la tempête est trop forte pour notre capacité mentale et physique? Comment réussir à persévérer quand on a été abandonné plusieurs fois dans sa vie, quand plein de portes se sont fermées, quand on a été laissé pour compte depuis si longtemps ? Comment ces gens réussiront-ils à trouver l’énergie pour s’en sortir, dans un parcours semés d’embûches?

Dans un contexte d'austérité budgétaire où les consignes sont de gérer la décroissance, le travail de rue, avec son approche de proximité, s'offre comme une alternative adaptée et peu coûteuse, pour jouer un rôle significatif auprès des populations les plus démunies et vulnérable de nos communautés. Pour ce faire, nous nous devons d’avoir des conditions de travail acceptables et appropriées afin de permettre un service efficace, sécuritaire et professionnel.

Dans une ère où le politiquement correct est de rigueur, où le consensuel est de mise, il est certain que notre discours, souvent discordant et ancré dans la réalité quotidienne des gens, provoque des crissements de dents chez ceux qui aiment à croire que tout va bien dans le meilleur des mondes.

Le travail de rue au Québec a atteint une maturité et un niveau d'expertise reconnu internationalement, permettant aujourd'hui d'affirmer qu'il joue un rôle que personne d’autre ne joue; il occupe des espaces que personne ne peut, ni ne veut occuper. Il intervient sur des réalités sociales émergentes telles que la prostitution, la santé mentale, la toxicomanie, les ITSS, l’itinérance, la criminalité, les fugues, l’isolement, la pauvreté, etc., dont peu d'instances veulent entendre parler et qui, pourtant, nous affectent tous autant individuellement que collectivement.

- Investir dans cette pratique sociale, qu’est le travail de rue, c’est investir dans le mieux-être de sa communauté.
- Investir dans le travail de rue, c’est économiser des coûts à notre société en frais d’hospitalisation, de traitement et de judiciarisation de populations vulnérables.

Merci pour votre soutien et soyons solidaires des gens les plus démunis et exclus de notre société,

Claude Théorêt, directeur et ex-travailleur de rue
Formateur et superviseur en travail de rue
Président et fondateur du Regroupement provincial en Travail de Rue
Pacte de rue, Salaberry-de-Valleyfield, Québec, Canada
450-373-1333