Demande de désinscription de la corrida sur la liste des biens immatériels du patrimoine français.

Madame la Ministre,

En Catalogne, la corrida est abolie depuis le 1er janvier 2011.

En France, en revanche, depuis le 22 avril 2011, les citoyens français, qui sont majoritairement opposés à la barbarie des arènes ( de 66 à 75% selon les sondages) subissent la décision de l’inscription de la corrida sur la liste des biens immatériels du patrimoine français.

Il s’agit d’un véritable recul de la civilisation que de que de faire figurer la barbarie et la torture publique d’un être sensible dans son patrimoine.
Au delà des ignobles souffrances infligées aux animaux dans les arènes, il y à aussi le message envoyé aux générations futures, aux enfants : la corrida c’est l’image de l’homme martyrisant un animal pour son seul divertissement.
C’est le contraire du respect de la nature et de la cohabitation harmonieuse entre les différents habitants de la planète, c’est le triomphe de la violence et de la cruauté.
Est-ce ainsi que l’on peut véritablement espérer aller vers une société meilleure ?

Albert Schweitzer, prix Nobel de la Paix en 1952, disait :
« Chaque fois que je suis sur le point d'abîmer une vie quelconque, il faut que je me pose clairement la question de savoir si c'est nécessaire. Jamais je ne devrai m'autoriser à aller au-delà de l'indispensable, même dans des cas apparemment insignifiants. »
— La civilisation et l'éthique, chap. XXI, 1976
« L’enfant qui sait se pencher sur l’animal souffrant saura un jour tendre la main à son frère » - Extrait d’une lettre à l’association « Jeunes Amis des Animaux »

A l’heure ou les problèmes de violence et d’incitations à la haine doivent être combattus, pensez-vous qu’il soit réellement une bonne chose que de maintenir cette inscription de la corrida sur la liste des biens immatériels du patrimoine français, et ce, alors que de plus, la majorité des citoyens français y sont opposés ?

La culture et l’art permettent à l’homme de s’élever, et ce n’est certainement pas la torture d’un être torture d’un être vivant qui va dans ce sens. Au contraire, les penchants les plus vils de l’homme – sadisme, vanité, banalisation de la souffrance, indifférence face à la souffrance d’autrui – se trouvent galvanisés par les corridas.

Les raisons habituellement évoquées de « traditions » ne suffisent pas à tout justifier.
Où en serions-nous, si nous avions maintenu toutes les traditions qui existaient au moyen âge ? Et n’est-il pas temps de respecter la démocratie et l'opinion des citoyens et de proposer, en partenariat avec les régions concernées, d’autres spectacles aux générations futures ?

De nombreuses études ont montré que l’art et la culture, main dans la main avec l’éducation, apportent un grand nombre de solutions aux problèmes de violences et problèmes sociaux.
En revanche comme le psychologue américain Kenneth Shapiro l’ a écrit en 2010 aux membres du parlement dans une lettre où il met en avant « le solide faisceau de résultats reliant maltraitance animale et violence envers les humains », et en particulier « un ensemble significatif de recherches [qui] démontre que la maltraitance animale est étroitement reliée à la violence conjugale, aux mauvais traitements envers les enfants, et à d'autres formes de violences interpersonnelles », la torture des animaux, fusse t’elle légalisée et plus encore, cautionnée et inscrite sur la liste des biens immatériels du patrimoine français ne fait qu’apporter encore plus de violence à la société.

C’est pour ces raisons, que nous vous demandons par la présente la désinscription de la corrida sur la liste des biens immatériels du patrimoine français.

Ayant confiance en votre bienveillance, je vous prie d'agréer, Madame la Ministre, l'expression de mes sentiments les meilleurs,

France de Griessen, artiste